Science po : et pourquoi pas en province ?
Plus discrets que leur grand frère parisien, les 8 instituts d’études politiques de province gagnent pourtant à être connus puisqu’ils offrent la même formation et les mêmes méthodes d’enseignements ! Et six d’entre eux recrutent via un concours commun.
IEP de province : tout aussi efficaces que Paris !
Qui ne connaît pas "Sciences po" ? Une grande école prestigieuse, qui a formé plusieurs présidents de la République et un bataillon de ministres et d’hommes d’affaires. Mais le célèbre institut d’études politiques de Paris ne doit pas faire oublier qu’il existe huit autres IEP, installées un peu partout en France : à Lille, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Aix-en-Provence, Toulouse, Bordeaux et Rennes.
Cinq ans d'études, dont une à l'étranger
Dans les IEP régionaux comme à Paris, les études durent 5 ans, dont une année à l’étranger. Les trois premiers années sont consacrées à la formation de base des "Sciences po" : un cocktail qui mélange histoire, économie, droit et science politique, assaisonnés d’une bonne dose de culture générale. "Nos étudiants sont aussi là pour apprendre à raisonner, à construire leur argumentation et à développer leur expression orale et écrite ajoute Christian Duval, le directeur de l’IEP d’Aix-en-Provence. C’est pourquoi la formation reçue à Sciences po permet d’accéder à de nombreux métiers différents". Le second cycle est consacré à la professionnalisation : deux années pour se spécialiser dans des domaines aussi variés que les carrières internationales, la sécurité, le fonctionnement des collectivité locales, le journalisme, le management culturel, les métiers des ressources humaines, etc.
Tous à Sciences po !
Un programme alléchant pour de plus en plus d’étudiants qui voit en Sciences po l’alternative idéale à l’université. Depuis quelques années, la "folie Sciences po" a gagné les IEP de régions qui doivent faire face à une envolée du nombre de candidats – même les bacheliers parisiens n’hésitent plus à franchir le périphérique pour se faire une place dans un IEP. Comme Agathe Fadier, étudiante en hypokhâgne de la capitale qui a tenté l’année dernière les concours de Sciences po Paris et de l’IEP de Lille : "J’ai raté Paris et j’ai été prise à Lille, et je n’ai aucun regret car le master en management culturel que je prépare à l’IEP de Lille correspond bien à mon projet professionnel. Surtout, je sors beaucoup plus ici qu’à Paris, la vie culturelle est intense et abordable pour les étudiants, et ça m’a donné l’occasion de quitter mes parents !".
Quid de l’après Siences po ? Le taux d’insertion des jeunes diplômés équivaut à celui des bonnes écoles de commerce de régions, mais la fourchette des revenus est plus étalée : "Cela s’explique par la variété des métiers exercés par nos anciens explique Pierre Mathiot, le directeur de l’IEP de Lille. Un jeune journaliste débutera à la pige avec 500 € par mois, quand son ancien camarade qui travaille au back office d’une banque émargera à 5.000 €…". Un grand écart qui se retrouve aussi parmi les diplômes de Sciences po Paris, même si leur salaire moyen reste plus élevé que celui de leurs camarades de province.
Plus discrets que leur grand frère parisien, les 8 instituts d’études politiques de province gagnent pourtant à être connus puisqu’ils offrent la même formation et les mêmes méthodes d’enseignements ! Et six d’entre eux recrutent via un concours commun.
Six IEP de province, un seul concours
Tous groupés. Six des huit IEP (instituts d’études politiques) de province (Aix, Lyon, Strasbourg, Lille, Rennes et Toulouse) organisent depuis juin 2008 un concours commun d’admission en première année. L’objectif est double : se donner une lisibilité nationale et diminuer les coûts d’inscription et de transport des candidats qui auront également plus de chances d’obtenir une place dans un IEP… même s’il ne s’agit pas de celui visé.
1.100 places disponibles
Environ 1.100 places sont ouvertes au concours pour des candidats, de niveau bac + 0 et bac + 1. Chaque IEP fixe son son nombre d’admis. Les reçus émettront des vœux d’affectation qui seront (ou non) satisfaits selon leurs résultats et les disponibilités dans chaque établissement. En cas de désistement, les places seront attribuées, en priorité, aux candidats qui n’auraient pas obtenu leur(s) premier(s) choix, puis aux lauréats de la liste complémentaire.
Épreuves
Les trois épreuves écrites se dérouleront le même jour sur chacun des six sites. Au programme : une dissertation d'histoire (de trois heures, coefficient 3) portant uniquement sur le programme de terminale (le monde depuis 1945), une dissertation sur les questions contemporaines (de trois heures, coefficient 3) avec deux thèmes à préparer (en 2008 : "l'environnement" et "les identités", en 2009 : "la guerre" et "le libéralisme") et une épreuve de langue vivante au choix (anglais, allemand, espagnol ou italien) d'une heure et demi avec un coefficient 2 (trois exercices de compréhension, d'expression et de grammaire mais pas de QCM). La note obtenue au baccalauréat sera également prise en compte à coefficient 1. Il n'y a pas de note éliminatoire.
Dates
Le concours se déroule le 3 juillet 2009. Les inscriptions sont ouvertes du 2 mars au 2 juin sur le site Internet commun. Les frais d'inscription au concours s’élèvent à 180 €, et à 60 € pour les boursiers. Les résultats seront publiés le 22 juillet 2009 et la rentrée dans les IEP se déroulera en septembre.
Grenoble se retire
Pour une partie des IEP, organiser un concours commun n’est pas une chose nouvelle. Depuis 2006, les instituts de Rennes et de Toulouse fonctionnaient ensemble. De même que les établissements d’Aix, de Lyon et de Grenoble qui avaient formé un réseau Sud-Est dès 2002. Aujourd’hui, Grenoble a décidé de reprendre sa liberté et de faire cavalier seul. L’IEP grenoblois a en effet pâti, plus que bénéficié, de l’expérience « concours commun ». Pour des raisons liées au réseau ferroviaire et géographiques, l’institut a perdu de nombreux candidats quand Aix et Lyon en gagnaient. Pour cette fois, il a donc décidé de passer la main… De son côté, l’IEP de Bordeaux continue de se la jouer plutôt autonome.
Un concours commun, et ensuite ?
Les IEP ne devraient pas se contenter d’un concours commun. D’autres formes de coopération (développement de formations communes, échanges d’étudiants et d’enseignants) seraient envisagées. Les instituts disposent ainsi, depuis la rentrée 2008, d’une prépa gratuite au concours pour certains lycéens de première et de terminale, via la plateforme IEPEI. Initiateur de ce projet qui vise à favoriser la diversité et l’égalité des chances, l’IEP de Lille l’a mis en place dès 2007, à grande échelle dans sa région. Les autres instituts l’ont testé en 2008 et devraient le développer, chacun à sa sauce, en 2009-2010.