Ce document a été élaboré par les professeurs de classes préparatoires littéraires du lycée Gay-Lussac.
L’ETAT ANTERIEUR :
Les étudiants entrant en classes préparatoires littéraires devaient choisir, au terme d’une hypokhâgne indifférenciée, entre : - une Khâgne dite « classique », préparant au concours de l’ENS Paris Ulm
- et une Khâgne dite « moderne » préparant aux concours de l’ENS Lyon (autrefois Fontenay-Saint-Cloud) et de l’ENS Cachan.
Vu le très petit nombre de places proposées dans l’ensemble de ces concours (4,5% par rapport au nombre des candidats), la plupart des étudiants issus de classes préparatoires littéraires poursuivaient leurs études à l’université : ils entraient directement en Licence – et pour ceux qui avaient fait une seconde khâgne, en Master 1.
Un grand nombre préparait alors les concours de l’enseignement : Capes et Agrégation, parfois le Professorat d’Ecole.
Par ailleurs, certains étudiants pouvaient en fin d’hypokhâgne et/ ou de khâgne passer parallèlement des concours spécifiques : - Soit pour entrer en IEP (Sciences-Po).
- Soit pour entrer dans les Grandes Ecoles de commerce.
CE QUI A CHANGE :
1° La réforme des Concours permettant d’entrer dans les ENS : à l’écrit a été créée une banque d’épreuves littéraires (dite BEL)
a) désormais certaines épreuves sont communes aux trois ENS. (Même programme, même préparation, même sujet, mêmes correcteurs, en Français, Philosophie, Histoire et Langues vivantes)
b) les résultats obtenus par un candidat à cette BEL serviront directement de base de recrutement à des Ecoles autres que les ENS : assortis dans certains cas d’une épreuve spécifique, ils donneront, s’ils sont satisfaisants, le droit de se présenter directement à l’oral :
- des Grandes Ecoles de Commerce : d’ores et déjà, pour 2011, celles du Groupe Ecricome (Bordeaux, Marseille, Nancy, Reims, Rouen, Tours-Poitiers), et dans un proche avenir (2012),celles du groupe BCE (HEC, ESSEC, ESCP-Europe… )
- des IEP : d’ores et déjà, pour 2011, 5 ont signé un accord : Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Rennes, Toulouse
- de l’ ISMaPP : Institut supérieur du management public et politique, situé à Paris et Bruxelles
- l’ISIT, l’ESIT-Université Sorbonne Nouvelle : écoles ou d’instituts réputés concernant les métiers des langues : traducteur, interprète…
- le CELSA Université Paris-Sorbonne qui prépare aux métiers de la communication ou du journalisme…
- l’Ecole nationale des Chartes
NB : Cette banque est d’ailleurs destinée à un élargissement progressif, auprès d’autres écoles ou formations ; à l’heure actuelle on parlerait de l’Ecole du Louvre et des Ecoles de journalisme.
2° L’évolution des formations en universités :
La plupart des universités proposent désormais aux étudiants en Lettres des Licences spécialisées ou des Masters préparant à d’autres métiers que ceux de l’enseignement : métiers du Livre, préparations aux concours de bibliothécaire ou de conservateur de bibliothèque, métiers du tourisme, de la communication, de la traduction etc…
OR il faut savoir que, dans une grande majorité des cas, le nombre des étudiants formés est limité : le recrutement se fait donc soit sur examen, soit sur dossier. Dans les deux cas, cette sélection bénéficie grandement aux étudiants sortis de classes préparatoires littéraires.
D’OU LA NECESSITE d’EN FINIR avec des PREJUGES
Non, les classes prépa littéraires ne forment pas exclusivement de futurs enseignants !
Certes un nombre non-négligeable de nos anciens étudiants présente avec succès les concours (Professorat des Ecoles, Capes, Agrégation) mais parce que tel est leur désir ! Les autres s’engagent dans des voies fort variées, dans lesquelles ils semblent bel et bien réussir et s’épanouir.
Non, les classes prépa littéraires ne sont pas sans débouchés !
Si la réussite aux ENS ne peut concerner que les plus brillants des khâgneux, en revanche l’expérience a jusqu’ici prouvé que de bons étudiants pouvaient accéder aux IEP et aux Ecoles de commerce. La réforme ne peut qu’accentuer cette logique.
Pour exemple : à Gay-Lussac en 2010 (28 élèves en khâgne) 1 étudiant admissible à Ulm, 4 sous-admissibles : selon les accords qui viennent d’être signés, ces cinq étudiants auraient bénéficié d’une admissibilité automatique dans tous les concours de la liste supra ; outre ces 5 étudiants, deux autres ont de fait intégré pour l’une, l’Ecole Supérieure de Commerce qu’elle souhaitait, pour l’autre un IEP ; enfin une cube a été pris dans le Master (convoité !) Métiers du Livre à Clermont-Ferrand.
Quant aux étudiants plus moyens, en venant en prépa ils augmentent considérablement leurs chances de « choisir » vraiment ensuite les formations qui les intéressent au sein des universités, au niveau notamment des Masters.
Non, la filière L n’est pas une impasse pour les bons élèves !
Nous avons tous été confrontés à ce discours des élèves (et de leurs parents) : aller en S (ou ES) plutôt qu’en L pour éviter de se fermer des portes et/ou pour avoir davantage de débouchés.
Il est désormais possible d’expliquer aux élèves de seconde (et à leur famille), que dés lors qu’ils sont bons dans les disciplines littéraires, ils peuvent avoir d’emblée pour projet une prépa, avec tout ce qu’elle ouvre de possibles, pour les très bons comme pour les autres…
Par ailleurs, même s’il n’est pas exclu d’entrer en prépa littéraire avec un Bac S ou ES, la filière L reste de loin préférable : tant pas les horaires de cours (philosophie, histoire, lettres) que par les lectures qu’elle permet et encourage.
EX : Un très bon littéraire – et seulement « moyen » dans les disciplines scientifiques – aura beaucoup plus de chances d’entrer à HEC ou l’ESSEC en passant par une prépa littéraire qu’en passant par une prépa EC option scientifique !
EX Un littéraire moyen – et « souffrant » dans les disciplines scientifiques – a tout intérêt à porter ses efforts sur les matières littéraires en 1ère et terminale : elles lui permettront dans un premier temps d’accéder aux prépas littéraires, et donc dans un deuxième temps de choisir son orientation…
Non, les classes prépa littéraires ne sont pas un univers élitiste et destructeur !
De fait au lycée Gay-Lussac :
- les classes d’hypokhâgne et de khâgne accueillent d’excellents élèves, susceptibles de viser les concours les plus difficiles, mais aussi des élèves beaucoup plus « moyens » à qui il s’agit de donner leurs chances pour une poursuite d’études « la meilleure possible », quelle qu’elle soit…
- Le contexte socio-professionnel de nos élèves est extrêmement diversifié. Un grand nombre d’entre eux n’est pas issu de classes sociales favorisées culturellement et/ou économiquement…
- L’équipe des professeurs cultive une pédagogie de l’encouragement : les élèves sont acceptés « tels qu’il sont », la seule chose qui compte est leur marge de progression. Bref le contraire de ce qu’on entend encore trop souvent sur un enseignement qui « casserait les élèves » !!!
- Le climat des classes est détendu et sympathique. Certes l’exigence de travail est réelle, mais elle est d’autant mieux vécue que les étudiants ne sont pas du tout dans une logique de compétition. Ils sont au contraire liés par une profonde solidarité. Et ils sont unanimes en fin d’année, lorsqu’on leur fait remplir des fiches (anonymes) d’évaluation de leur formation : « ils ne regrettent rien : ça valait le coup » !