Printemps des poètes 2007/2008:

Les femmes voilées, Audrée Latinaud

Les femmes voilées

Avez-vous admiré les œuvres de Monet ?

Les visages des nymphéas auréolés

De lumière ? Dans cette vaste étendue,

Tout est dans la douceur, l’harmonie, la vertu.

Parmi ce bouquet, une fleur s’épanouit,

Aux pétales délicats, fragiles et sages,

Splendeur de la nature, dans la fleur de l’âge.

En cette onde tranquille, la pureté grandit.

Mais passa un crapaud, bien trapu et crasseux.

En voyant sa fraîcheur, son parfum, sa finesse,

Il croassa de désir, se remplit de hardiesse,

Puis s’approcha sans bruit, jaloux et orgueilleux.

Ô tentatrice ! Jolie nymphe, belle femme,

A cause de ta perfidie, je suis perdu ;

Mais pour me protéger de tes charmes infâmes,

Je ferai comme si je ne t’avais pas vue.

Et pour dérober des yeux du monde la belle,

Il prit religieusement les feuilles éparses

Autour d’elle, créant un voile de tristesse.

Une goutte d’eau cachée perla, larme frêle...

Audrée Latinaud

Mariée à 11 ans, Alizée Cestona

Mariée à 11 ans

Je ne le savais pas,mais ce jour de printemps

allait marquer la fin de mon enfance

11 ans quel bel age !

Et pourtant comme d’autre je subissais une malédiction

celle d’être née fille en Afghanistan.

Enveloppée dans un long châle blanc

toute essoufflée d’avoir joué dans le vent

mon frère vint me chercher

mon père m’attendait.

Un groupe de personnes rassemblées autour de cet homme

que j’avais tant admiré pendant mon enfance

donnait ma main à un étranger...

Le mouton avait été égorgé devant ma maison en pisé

Le rituel avait été respecté

Me voila mariée !

De plaine en plaine,on m’emmène

laissant derrière moi famille,copine,école

La photo de mariage

dégage un sacré malaise

Qui pourrait imaginer que le vieillard assis à coté de moi

qui ne suis encore qu’une gamine hilare est mon mari...

Un homme de 75ans vieilli par l’ apreté de la vie...

A vous qui vous offusquez de ces unions indécentes,

réagissez et n’attendez pas de voir s’entasser

les cadavres de femmes battues et violées à 11 ans.

Alizée Cestona

Ma Maman était très belle

Ma Maman était très belle,

Comme une hirondelle.

Elle aimait beaucoup mon papa

Et l’accompagnait à chacun de ses pas.

Pourtant, je la trouvais triste maman,

Surtout lorsqu’elle restait là en pleurant.

Je lui demandais "Pourquoi tu pleures, Maman ? "

Et elle me répondait "Je t’aime mon enfant."

Je ne comprenais pas toujours pourquoi

Elle me répondait cela.

Un jour, Papa est rentré très agacé,

Sans doute à cause de sa perpétuelle anxiété.

Après un moment, il finit par s’approcher

Dessinant sur son visage un air mauvais...

Là il commença à frapper

Sans une fois s’arrêter...

Je ne savais pas quoi faire,

Et mon papa frappait toujours ma mère.

Puis il s’est enfui,

Laissant Maman et moi seules ici.

Essayant de me relever,

Je cherchais du ragard celle qui m’avait aidée.

Je me suis approchée d’elle,

Elle n’était plus aussi belle...

Ses yeux étaient tout bleux,

Et son teint devenu cireux.

Maman me regardait,

D’un air horrifié.

Elle ne répondait pas...

Elle n’était plus là...

Tandis que s’échouait plus bas,

La dernière larme qu’elle versera.

Maintenant, je vis chez ma grand-mère,

Et on ne sait toujours pas où est mon père.

J’apporte souvent de belles fleurs à Maman,

Mais celle-ci n’arrivent pas à combler son absence. Marie Rambert

Avons-nous le droit, Geoffrey Lagappe

Avons-nous le droit

Avons-nous le droit de vous enlever votre peau ?

Avons-nous le droit de vous mettre à nu ?

Tout ça pour nous offrir une écharpe ou un manteau...

La conscience humaine est ici perdu de vue

Avons-nous le droit de vous enfermer entre quatre murs ?

Avons-nous le droit de vous enlever votre vie ?

Tout ça pour vous jeter dans des fosses remplies de sang !

La morale n’existe plus dans ces marchés impurs !

L’homme parait plus animal que l’animal dans ces cas là !

Alors arrêtons tout de suite de vous tuer pour votre fourrure

Votre vie vaut beaucoup plus que ça...

Geoffrey Lagappe

Deux peuples

Dans ces visages angéliques

Le reflet d’une rare pureté

Se noie dans la lagune ondulée

De ces deux peuples tourmentés

Dans la flamme de leur amour

Une étincelle d’espoir jaillit

Mais attisée par la haine

Se meurt dans le tourbillon de l’indifférence

Dans leur rire cristallin

S’élève le chant de la vie

Mais joué par les canons gris

Ne résonne plus aux oreilles du pays

Dans la lueur de leur regard

Brille le vif éclat de la jeunesse

Mais obscurci par l’austérité des kamikazes

Il se trouble d’incompréhension

Au cœur du conflit

Leur amour ne vaincra pas l’hostilité

Assaillis par les mitraillettes

Leurs corps innocents gisant à terre

Ils n’auront pu taire les palabres de la haine

Et les fantômes de la guerre

Continuerons d’être...

Aurore Landeau

Droit de mourir, Yann Champeau

Droit de mourir

Je ne vois rien ici, tout est noir,

Je ne ressens rien, sauf le désespoir,

J’entends des pleurs, une voix familière,

C’est celle de ma triste mère !

Soudain je la vois, je vois clair,

Elle est assise devant un corps,

Est-il vivant, est-il mort ?

Je m’approche du blessé,

Qui a sur son visage, un air familier,

Je me rends compte que c’est moi,

Qui suis allongé ici bas !

Mon corps détruit souffre grâce,

A une machine de glace.

Mais sans pour autant arrêter...

Le fait de respirer...

Me lasse d’exister.

Ici, tout est de glace, tout est noir.

Laissez moi atteindre la lumière d’ivoire.

Yann Champeau

Du rire aux larmes

Je regarde une ombre se rapprocher de moi.

Derrière, une lumière apparaît lentement.

Sur ma joue, une main s’arrête violemment.

J’endure cela mais je ne sais pas pourquoi.

Je ne peux pas m’échapper de ce cauchemar.

J’aimerais m’envoler et rejoindre le ciel,

Pouvoir recommencer une vie bien plus belle,

Tout effacer comme avec du papier buvard.

Dans le miroir, après cette grande souffrance,

Je contemple mon visage noyé de larmes,

Inondant mes joues aux nuances bleue et parme.

J’aurais voulu ne jamais quitter mon enfance.

Cette ombre effrayante revient dans la pièce.

Je n’ose bouger, je sais qu’il va me frapper.

Je sens que mes yeux commencent à se refermer.

Je pousse un hurlement froid et sourd de détresse.

Au dehors, personne ne m’écoute crier.

Je sens mon âme s’envoler avec mes pleurs.

Je vais peu à peu quitter ce monde d’horreur.

Enfin trouver la lumière d’un lieu rêvé.

Angélique Vallois

Encore, ce matin, Portefaix.G

Encore, ce matin

Je me suis levée

Avec la faim

Qui encore m’agressait.

Quand je pense aux pays

Où les gens mangent à leur faim

Je regarde ma vie

Comme un jour sans pain.

Pense, lecteur, à cette nourriture

Qui est gaspillée

Jetée aux ordures…

Ils pourraient nous en donner.

Je suis une petite fille

Je n’ai rien demandé

Ma vie n’est qu’une quille

Renversé par un boulet.

Des associations humanitaires

Se sont créées pour nous

Pour nous sortir de la misère…

Pour que nous soyons heureux comme vous.

Portefaix.G

Fourrures chinoises

Fourrures chinoises

Là où je suis, il fait tout noir,

Je suis dans un liquide bizarre,

Mais il fait chaud, c’est douillet !

Oulla, ça bouge, ça bouge beaucoup !

Je commence même à voir de la lumière,

Ça m’éblouit ! Je n’aime pas ça !

Voila ! Je suis sorti du ventre de maman,

J’étais mieux à l’intérieur !

Là, il y a des barres de fer

Tout autour de maman et moi.

Le soleil me chauffe,

J’ai soif, j’ai faim !

J’étais mieux à l’intérieur !

Non ! Ma maman s’en va !

Un monsieur l’attrape par les pattes…

La frappe au sol…

Pourquoi font-ils cela ?

Maman, je t’entends, ne t’inquiète pas,

Cela va bientôt se terminer…

Je l’espère. Cela dure

Encore deux ou trois minutes.

Ca y est. Il ne la frappe plus.

Mais il a un couteau,

Maman, arrête de crier, s’il te plait !

Mais que fait-il ?

Il lui découpe la peau autour des pattes…

Maman… Il tire sur sa belle fourrure,

Est-ce pour cela qu’ils la font tant souffrir ?

Pour ce doux pelage blanc,

Que j’aimais tellement ?

Mon dieu ! Elle respire encore !

Elle n’a même plus de peau sur ses pauvres os,

Elle se vide de tout ce sang chaud

Qui coule dans ses veines,

Mais elle respire encore, comment est ce possible ?

Comme elle doit souffrir…

Cinq minutes passent, puis dix.

Enfin ! Je crois que c’est fini.

Elle est enfin morte…

Ma pauvre maman. Que t’ont-ils fais subir ?

Mais je te vengerai,

Je te le promets !

Le jour où je sortirai

De cette maudite cage,

Je te vengerai !

Mais en attendant, le temps passe…

Depuis un an, je suis enfermé dans cette prison.

Puis je vois l’assassin de maman,

Il vient, il m’attrape par les pattes,

De la même façon que maman.

Soudain, je me retourne pour le mordre,

Mais il est plus rapide que moi,

Je sens le sol dur m’écraser l’épaule…

Il m’a frappé contre le sol

De toute ses forces,

J’ai mal à la tête, j’ai mal.

Encore une fois, puis une autre, et encore une.

Ne va-t-il pas s’arrêter ? Si, il s’arrête.

Non, pas le couteau,

Non ! S’il vous plait ! Je vous en supplie :

Pas le couteau ! Je sens la lame se planter dans ma chaire,

Le sang coule. Mais je sens aussi une ficelle

Qui s’accroche à mes pattes,

Je sens ma peau me quitter.

Mon sang m’abandonne…

Aurais-je le même sort que maman ?

Non, je voudrais mourir tout de suite, s’il vous plait.

Mais dieu ne semble pas entendre ma prière.

Je meurs doucement, lentement…

Je n’ai même pas pu venger maman,

Je suis désolé maman ; j’aurais dû,

Mais je n’ai pas pu.

Je pense qu’aucun de nous ne le peut.

Mais vous, humains :

Quand vous portez vos manteaux de fourrure,

Pensez qu’ils sont fais de souffrance, de cris, de pleurs...

Il était une …, Dany Geoffray

Il était une … Il n’était pas une fois

Ici, l’enfant est roi.

Là-bas, c’est un objet, un esclave, une proie, un pantin ou un jouet.

Ici, on le respecte.

Là-bas, on le maltraite,

Et dans un but abject,

On le vend, on l’achète.

On a pris son enfance

L’offrant sans préambule,

Sur l’autel des déviances,

A des gens sans scrupules.

Aurait-il vu le jour

Sous de mauvais auspices ?

Que sait-il de l’amour

Dans sa vie de tortures ?

Il a la nourriture que donnent les poubelles.

Il dort dans l’encoignure d’une porte d’hôtel.

Parfois scrutant les cieux dans un sursaut d’espoir,

Il voudrait croire en dieu ne serait-ce qu’un soir.

Il a peur des soutanes,

Demandez-vous : pourquoi ?

Sa vie n’est qu’un sursis.

Il le sait, il s’en moque. L’avenir c’est demain,

Il dit sans équivoque : « Ma terreur, c’est la faim. »

Effrayé par tant d’ogres l’entourant,

Il n’est pas armé pour se défendre face

Aux malfaiteurs s’imposant par leur masse.

Venons-lui en aide, ce n’est qu’un enfant…

Dany Geoffray

J’étais un petit palestinien ..., Sophie Lacorre

J’étais un petit palestinien ...

J’ai six ans ma vie est fini depuis mercredi

J’étais un petit palestinien

Je n’avais rien demandé

Et pourtant on y est passés

On est 26 a avoir péri

Pour une vengeance inutile

Depuis trop longtemps mon peuple est touché

par les assassinats israéliens

Quand je vois ce bébé allonger là

A coté de ma dépouille

Je pense à tout les gens touchés par ces crimes

La famille de ce petit doivent être anéanti

Pourquoi lui personne ne le sait

Nous avons était tués sans de véritables raisons

La vengeance amène les gens à faire de mauvaise chose

L’âme des hommes reflété par ses gestes est horrible

Pourquoi nous tués ?

Personne ne le saura jamais

Mais nous avons dû payer

Je suis mort

Je ne pourrais plus jamais m’amuser

Plus jamais rire

Et le pire

C’est que mon corps ne sera jamais remis à ma famille

Je resterais là

Et je vais pourrir ici pour toujours ...

Sophie Lacorre