Rappel de méthode :
Voici quelques conseils pour l’introduction et la conclusion, ainsi que le tableau à faire au brouillon avant de rédiger votre devoir. Retenez bien les étapes qui composent un paragraphe. Leur ordre peut différer, mais elles sont indispensables (Retenez bien l’acronyme PAIR qui vous aidera à n’oublier aucun élément).
Introduire :
L’introduction constitue la première prise de contact de votre correcteur avec votre réponse. Elle doit donc être « parfaite ». L’introduction doit présenter les étapes suivantes :
a)L’ouverture : Il s’agit d’une ouverture, assez large, qui rapidement se resserre pour présenter le sujet Si le sujet comporte une citation, celle-ci doit être recopiée si elle est courte, résumée et expliquée si elle est longue.
b) La problématique.
c)L’annonce du plan (il faut essayer d’éviter les tournures convenues comme : « dans une première partie nous verrons… dans une seconde nous analyserons… »).
Conclure :
Vous devez rédiger votre conclusion au brouillon avec beaucoup d’attention. C’est avec elle que le correcteur quitte votre copie. Une conclusion mal faite peut donner l’impression que le sujet a été mal compris.
La conclusion doit présenter les étapes suivantes :
a)La réponse à la problématique.
b) Le bilan de l’étude en insistant sur la logique d’ensemble de celle-ci.
c)Une ouverture sur un sujet proche de celui développé dans le devoir (cette étape est difficile, mieux vaut l’éviter plutôt que faire une ouverture maladroite ou sans lien avec ce qui précède).
Faire un plan
Corrigé du travail d’écriture numéro 1
Dans Les Pensées, Pascal cherche-t-il à convaincre ou à persuader ?
Blaise Pascal poursuit un objectif clair dans son œuvre Les Pensées: prouver aux libertins de cette seconde partie du 17ème siècle, la supériorité de la religion chrétienne. Pour cela, dans une première partie, il montre à quel point l’homme « sans Dieu » est misérable, ce qui lui permet de montrer enfin à quel point l’homme « avec Dieu » est grand. Pourtant, en matière de religion, manier la rhétorique est compliqué : comment prouver par la raison ce qui ne peut être ressenti que par le cœur ? Nous nous demanderons donc si Pascal cherche à convaincre son lecteur, ou à le persuader de la validité de son propos. Pascal convoque les sentiments de son lecteur pour le rallier à ses thèses. Il n’en oublie pas pour autant de s’adresser à sa raison en ayant recours aux procédés rhétoriques traditionnels. Nous pouvons alors penser qu’il adapte sa stratégie argumentative en fonction de son projet.
I/ Dans un premier temps nous pouvons voir que l’argumentation pascalienne consiste en une force de frappe persuasive. A/ Ce type d’argumentation prend en compte une situation de communication tout à fait particulière. Schématisons cette situation : un locuteur, Pascal, tente de convaincre les libertins de cette seconde moitié du 17ème siècle, que l’homme ne peut être heureux qu’avec Dieu . Les libertins sont caractérisés dans l’œuvre comme des êtres habitués à l’art d’agréer et de persuader, à « l’esprit de finesse », qu’il oppose à l’esprit de géométrie ». Ces princes du langage ne seraient pas sensibles aux forces de la raison. Il les combattra donc avec leur arme favorite : la persuasion. Pour cela il aura recours au dialogue (fr 47), ils utilisera les déictiques pour mieux capter leur attention et les séduire (utilisation des pronoms « nous » et « vous » fr 21,30,47). Le pronom nous, récurrent dans l’œuvre, est une arme fondamentale dans la méthode pascalienne. Il renvoie à « je » et « les autres », ainsi le lecteur est-il présenté comme un allié de l’auteur, ce qui le pousse à accepter sa thèse. Il utilisera des interrogatives rhétoriques dans le même objectif : plaire à ces esprits séducteurs. La persuasion passe donc par la prise en compte du destinataire dans l’argumentation.
B/ Mais encore l’auteur cherche à persuader son lecteur en jouant avec ses émotions. Toute la première partie des Pensées cherche à faire ressentir à l’homme toute l’étendue de sa misère. Il est alors bien évident que c’est aux sentiments que Pascal doit s’adresser. Par exemple, au chapitre 2 fr 47, le dialogue entre deux soldats qui s’entretuent vise à provoquer l’indignation devant l’absurdité de la guerre. Pour provoquer l’effroi du lecteur face à sa condition, il n’hésitera pas à utiliser les images les plus brutales : « imbécile vers de terre » (fr122), « que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordure » (fr129) . Ainsi le style pascalien se fait-il véhément. D’ailleurs, la forme brève est propice à la variété des registres. La sensibilité des lecteurs se voit alors convoquée par les nombreuses hyperboles (fr121,126), les anaphores(fr94), les accumulations (fr122). Après avoir capté l’attention de son lecteur, Pascal le persuade en jouant avec ses sentiments, ses angoisses les plus profondes.
C/ Mais la force persuasive de Pascal lui vient avant tout de son extrême sincérité. Dans le fr 41 du chapitre 2 , l’auteur dit que l’on convainc mieux quand on est soi-même convaincu. Tout au long de l’œuvre, le lecteur peut même ressentir une certaine urgence chez cet auteur qui semble redouter de ne pas pouvoir parvenir à ses fins. Cette sincérité peut être ressentie quand il s’énerve contre la raison et ses prétentions de toute puissance. Même si nous ne partageons pas son avis, nous ne pouvons qu’être touchés par tant de sincérité. Nul ne doute, donc, que l’auteur use de la persuasion pour rallier le libertin à sa cause. Il n’en dédaigne pas pour autant les outils de la raison.
II/ Pascal est un scientifique et sa formation lui interdit de délaisser les types de raisonnement traditionnels. En fait il s’adresse à la faculté de raisonner du lecteur en usant d’une large palette de procédés. A /A tout instant, dans l’œuvre, Pascal se souvient qu’il est un mathématicien. Même si à la fin de sa vie il refuse cette science qu’il juge inutile, il s’en sert pour démontrer ses idées, c'est-à-dire prouver que leur validité est indiscutable. Prenons un exemple dans le fragment 290 : « les saints ont leur empire, leur victoire, leur lustre, et n’ont nul besoin des grandeurs charnelles ou spirituelles . Où elles n’ont nul rapport, car elles n’y ajoutent ni ôtent ». Il reprend ici un principe mathématique selon lequel ajouter une somme quelconque à un nombre infini ne l’accroit pas. On ne peut pas rendre plus grand ce qui est au-delà même de l’idée de grandeur. Qui peut le contredire ? La science se met au service de l’apologie.
B/ Il utilise aussi les formes traditionnelles de l’induction et de la déduction. Un raisonnement inductif part des faits particuliers pour aboutir à une vérité générale (les scientifiques procèdent ainsi). Souvent pascal poursuit ce cheminement du particulier au général ; il prend un exemple observable pour en déduire une loi. C’est ainsi que dans le fragment 98 du chapitre 6 il observe un perroquet. Cet animal s’essuie le bec alors que ce dernier est propre. L’auteur en conclue donc que l’homme est un être de raison alors que l’animal obéit à son instinct. Le procédé de la déduction est fiable et rigoureux. Il s’agit de partir d’une loi générale pour descendre vers des applications particulières. La forme la plus connue de la déduction est le syllogisme. Celui-ci articule trois propositions : deux prémisses (majeure et mineure) et une conclusion. Ex : (majeure) Tous les hommes sont mortels, (mineure) or Socrate est un homme, (conclusion) donc Socrate est mortel. Pascal, dans ses raisonnements déductifs, se montre très clair et précis. Ex : fr 525 : « (Majeure) Tout ce qui nous incite à nous attacher aux créatures est mauvais, (mineure) or nous sommes pleins de concupiscences, (conclusion)donc nous sommes pleins de mal ». Induction et déduction convoquent la raison du leteur pour mieux le convaincre.
C/ Mais encore, Pascal use de l’argument d’autorité :
Il s’agit pour lui de convaincre en affirmant que telle ou telle « vérité » est prouvée depuis longtemps. Rappelons qu’en ce 17ème siècle, Modernes et Anciens se sont combattus et que pour nombre de penseurs, jamais l’esprit du siècle de Louis ne pourra égaler celui du siècle d’Auguste.
Dans le fragment 56 (Chapitre 3), Pascal affirme qu’il n’y a pas de lois naturelles. Pour détourner la contestation du lecteur, il précise que Cicéron le disant déjà bien avant lui. C’est dans le même esprit qu’il fait référence à Montaigne. Quand il condamne le pouvoir de l’imagination, il fait directement référence aux Essais, plus précisément au passage sur le vertige dans « L’apologie de Raymond Sebond ». La validité d’un argument d’autorité peut bien sûr être contredite, il s’agit pourtant d’un moyen de convaincre reposant sur le respect pour les anciens maitres.
D/ Pascal tente enfin de convaincre par le moyen de la résolution des contradictions : ce procédé consiste à tirer un argument de son contraire. Par exemple Pascal pense qu’il n’y a pas de contradiction entre la misère de l’homme et sa grandeur. Selon lui l’homme devient grand quand il prend conscience de sa misère (et qu’il se souvient du temps de sa grandeur passée, avant la Chute).
Il est donc bien difficile d’enfermer l’argumentation pascalienne dans un cadre fixe. Elle ne peut se définir qu’ au regard de son objectif apologétique.
III/Une éloquence au service de l’apologie. A / Dans les sept liasses qui composent notre programme, l’argumentation, quelques soient ses ficelles, vise à ébranler l’incroyant. Pour que l’homme prenne conscience de son extrême misère sans Dieu, Pascal use des ressorts du tragique. Par exemple dans le fragment 33 du chapitre 2, il file le champ lexical de l’abattement : « …mais ôtez leur divertissement, vous les verrez se sécher d’ennui. Ils sentent alors leur néant sans le connaître, car c’est bien être malheureux que d’être dans une tristesse insupportable… » La métaphore « se sécher d’ennui » suggère une mort lente propre à l’expression de ce désespoir. Pouvait-il être exprimé autrement ? Le sujet traité opère donc de lui-même le choix du procédé argumentatif.
B/ D’ailleurs, et cela peut surprendre, Pascal opère une différenciation entre les lecteurs qui appréhendent Dieu par le cœur, et ceux pour qui il est nécessaire d’en passer par la raison : « […] ceux à qui Dieu a donné la Religion par sentiment du cœur sont bien heureux et bien légitimement persuadés. Mais [à] ceux qui ne l’ont pas nous ne pouvons la donner que par raison, en attendant que Dieu la leur donne par sentiment du cœur ». (fr 101) Ainsi la raison ne serait qu’un pis-aller par rapport au cœur.
Conclusion :
Il s’agit pour Pascal de prouver aux libertins de son siècle que la route qu’ils ont prise est la mauvaise et que la seule voie possible est celle de Dieu. Il use alors de tous les moyens qui sont à sa disposition : en mathématicien accompli, il file des réflexions quasi-scientifiques, pratique l’induction, la déduction… il s’adresse à la raison par tous les moyens. Il a pourtant la conviction que , pour admettre l’existence de Dieu, et donc la supériorité de la religion chrétienne, la raison doit savoir se soumettre au cœur. Il s’adresse donc a ce cœur et pratique la persuasion. N’y a-t-il pas un paradoxe, chez un philosophe qui dénonce les « puissances trompeuses », « maitresses d’erreur et de fausseté », d’utiliser tous les sortilèges du langage pour nous rallier à sa thèse ?