Paroles de lectrice
Voltaire, le maître du conte philosophique
Micromégas, sur le fil de Jonathan Swift
Ce personnage au prénom significatif (micro / mégas) est un habitant de la planète Sirius mesurant près de huit lieues de haut ! (4000m). Il décide en compagnie d’un Saturnien de visiter les planètes de sa galaxie et il arrive sur la Terre, « notre petite fourmilière »…
Voltaire dans ce conte aux traits humoristiques, opère une habile prise de distance lui permettant de critiquer notre société, et notre orgueil démesuré. Un exemple encore d’actualité : l’élection de miss Univers…C’est aussi une réflexion sur la mort, le savoir et l’expérience :
« A peine a-t-on commencé à s’instruire un peu que la mort arrive avant qu’on ait de l’expérience »
A lire et relire sans modération.
La princesse de Babylone
« Ce qu’il y avait de plus admirable à Babylone, ce qui éclipsait tout le reste, était la fille unique du roi, nommée Formosante. Ce fut d’après ses portraits et ses statuts que, dans la suite des siècles, Praxitèle sculpta son Aphrodite et celle qu’on nomma la Vénus aux belles fesses . Que de différences ô ciel ! de l’original aux copies. Aussi Bélus était plus fier de sa fille que de son royaume. Elle avait 18 ans : il lui fallait un époux digne d’elle mais où le trouver ? »
Le merveilleux dans toute sa splendeur.
Subliminal.
L’enchanteur
Une réécriture touchante de sensibilité et de grâce de l’œuvre de Chrétien de Troyes Perceval ou le roman du Graal ( à lire aussi !). Deux grandes histoires d’amour impossibles servies par une poésie et un lyrisme transcendantal.
Viviane aime Merlin. Lancelot aime Guenièvre.
Ils n’ont qu’une idée : fusionner.
La nuit des temps
Deux êtres rescapés d’une civilisation perdue avant la nôtre, retrouvés dans un œuf en or au fond de la calotte glaciaire Antarctique. Elle, croit que son amour s’est éteint, et que l’homme qui l’accompagne est son pire ennemi. Elle raconte son histoire aux scientifiques…
Aussi fort que Roméo et Juliette.
La faim du tigre
Un livre dont on ne ressort pas indemne ! Du mécanisme de l’oreille aux sensations du tournesol attiré par le soleil. Un livre où vous apprenez à devenir une salade, et à respecter les autres, où vous suivez le mécanisme de la vie, et où vous vous élancez « dans l’infini du temps et de l’espace ».
« Le choix est pour demain. Il est peut être déjà fait ». A lire absolument !!
Antigone
« La vie, c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu’on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison.» Réécriture de la tragédie de Sophocle, Antigone va mourir, on le sait. Ses paroles et ses actes seront d’autant plus grands .
Selon Anouilh, l’innocence, la pureté et l’amour sont flétris par les nécessités du quotidien où l’argent vampirise tout. Une seule solution malgré ce fond pessimiste : l’évasion, l’humour et la poésie.
Dumas
Quoiqu’en disent (Aristote) et les médisants, Dumas n’a eu qu’un seul collaborateur l’aidant dans son travail de recherches, Auguste Maquet, tandis que lui couchait sur papier ses personnages et ses intrigues. Cela donne des histoires hautes en couleurs, très appréciées à l’époque par le monde populaire.
Pauline
Dans cette intrigue aux récits emboîtés, l’amour platonique est porté à son paroxysme par le romantisme, les paysages respectent le « Sturm und Drang » allemand, et le diable s’invite en la personne d’un comte aux manières de Faust. Ce roman n’est autre que le précurseur du roman à suspense. Avis aux amatrices et aux amateurs.
Les trois Mousquetaires
Le génie littéraire de Dumas s’illustre particulièrement dans la richesse de ses personnages. Milady est un personnage diabolique de l’époque de Richelieu, qui n’a qu’une idée en tête : perdre la reine amoureuse du duc de Buckingam. C’est sans compter l’opposition de trois mousquetaires ainsi qu’un garde de Mr de Jussac…
Les trois mousquetaires, c’est l’amitié, la valeur et le panache. Ne vous fiez pas aux apparences, ce livre est un trésor…
Si vous avez aimé, n’oubliez pas la suite , Vingt ans après, et le Vicomte de Bragelonne.
Ce ne sont que des exemples succincts, à lire aussi : Ascanio au temps de François I, le comte de Monte Cristo pendant les Cent Jours, la reine Margot, et les sombres manigances de Catherine de Médicis et de Charles IX, le chevalier de Maison Rouge et la mort de Marie Antoinette, et le fantastique avec la femme au collier de velours.
Vian
L’écume de Jours
Dans le monde de Colin, personnage insipide et riche, les anguilles sortent des robinets, les pianos composent des cocktails en accord avec des mélodies jouées, et les femmes délicates comme des fleurs tombent malades parce qu’elles ont des nénuphars coincés dans les poumons.
Vian en auteur lucide, compose un chef d’œuvre époustouflant, où transparaît la superficialité du monde, victime de l’apparence et du snobisme. Un des exemples les plus frappants est certainement la passion exacerbée d’un personnage pour les livres de Jean Sol Partre (patronyme de Sartre), dont il ne comprend ni la profondeur, ni le sens…Par ailleurs, l’évolution de Colin passera par le déclin, la souffrance et la mort. Mais elle sera au nom de son amour fou pour sa femme…
J’irai cracher sur vos tombes
Sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, ce livre peut paraître plus cru, face aux bonnes mœurs. Ce n’en est pas moins le récit d’une vengeance : Lee Anderson est un libraire noir, qui n’a qu’une idée en tête : perdre deux jeunes femmes blanches dont la famille a lynché son frère. Une dénonciation magistrale du racisme en vigueur encore au sud des Etats Unis …
-Muriel Barbery, L’élégance du hérisson
"Mme Michel, elle a l'élégance de l'hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes."
Une jeune fille redoutablement intelligente qui à ses 12 ans se suicidera ; un japonais sage et bienveillant ; une concierge repliée sur elle-même, détestant les habitants de ce riche immeuble parisien, mais qui le soir pénètre dans son sanctuaire pour y dévorer les trésors de la littérature.
Trois destins qui se croisent et se côtoient dans tous les aspects de la vie…
Vous aimerez aussi l’adaptation cinématographique le hérisson, avec Josiane Balasko, où le jeu des symboles, l’humour et la poésie sont omniprésents.
-Erik Orsenna, La révolte des accents
Une jonque avec une troupe de théâtre accoste sur une île et y joue Roméo et Juliette . Le lendemain, les accents et les épices ont disparu. Comment vivre dans un monde désormais morne et sans accentuation ? Jeanne va partir à la recherche de ces accents du tilde jusqu’au circonflexe. Cela la mènera jusqu’à la route de l’Inde, où elle découvrira ce que signifie « accentuer » sa vie…
Dans la lignée des Best-sellers, après le Da Vinci Code et Anges et Démons. Ici c’est l’univers des codes et de la cryptologie, des codes de César jusqu’à la mystérieuse Enigma…
Une agence secrète américaine est chargée de casser les codes du monde entier pour préserver la sécurité nationale. Mais son ordinateur le plus puissant du monde se heurte à un code a priori incassable. Commence une véritable course contre la montre, comme on les aime…
-Dan Brown, Forteresse Digitale
-Jacqueline de Romilly, les œufs de Pâques
Ce recueil de nouvelles satisfait « le besoin de passer quelques moments aux frontières de la réalité et du rêve ». Tels des œufs de Pâques, ces textes sont à la fois des secrets et des libertés de couleur, de fond et de forme. Une ode à l’imaginaire.
Mention spéciale à « profil perdu » : « Son visage qu’il voyait de profil était doucement penché, sous une masse de cheveux aussi noirs que son vêtement. Elle avait de longs cils, un nez très légèrement busqué : un nez d’aristocrate […] En la voyant, on pensait aux portraits italiens des siècles passés […] elle était pour lui la confirmation de tout ce que les vieilles civilisations peuvent apporter de raffinement, avec la patine des siècles. »
-Frédéric Beigbeder, Windows on the world
D’un côté, un français sur la tour Montparnasse. En parallèle, un américain fait visiter le restaurant sur l’une des tours jumelles. Nous sommes le 11 septembre 2001… Un livre reflétant une triste vérité où règnent le cynisme et l’orgueil occidental, face au fanatisme religieux oriental. Bouleversant.
8h30
« Dans un instant, au Windows on the World, une grosse Portoricaine va se mettre à crier. Un cadre en costume cravate aura la bouche bée. « Oh my God. » Deux collègues de bureau resteront muets de stupéfaction. Un grand rouquin lâchera un « Holy shit! » La serveuse continuera de verser son thé jusqu’à ce que la tasse déborde. Il y a des secondes qui durent plus longtemps que d’autres. Comme si l’on venait d’appuyer sur la touche « Pause » d’un lecteur de DVD. Dans un instant, le temps deviendra élastique. Tous ces gens feront enfin connaissance. Dans un instant, ils seront tous cavaliers de l’Apocalypse, tous unis dans la Fin du Monde. »
-Bernard Werber, Les thanatonautes
La mort est une question omniprésente chez l’Homme. Dans l’univers de Werber, des explorateurs (nautes en grec) partent à la recherche de la mort (thanatos). Ce qu’ils découvriront dépassera l’imagination. Mais les thanatonautes c’est aussi les bribes de la thèse d’un héros, relatant toutes les relations qu’ont entretenu les hommes au fil des civilisations et des religions, des mayas à l’animisme en passant par Gautama.
La suite dans l’Empire des Anges, et la trilogie des Dieux où l’on apprend à créer un monde, à suivre le comportement des rats et des fourmis, et à comprendre le mécanisme de Coopération-Réciprocité-Pardon. Mais au dessus des Dieux, qu’y a-t-il ?
« Croire ou ne pas croire, cela n'a aucune importance. Seul compte le fait de se poser de plus en plus de questions ». L’encyclopédie du savoir relatif et absolu
Une mine d’ or
-Amélie Nothomb, Cosmétique de l’ennemi
Qui ne connaît pas les célèbres romans autobiographiques d’Amélie Nothomb que sont Métaphysique des Tubes, Le sabotage amoureux, ou encore Biographie de la faim ?
Ici, l’auteur prend la thématique des maladies mentales et de la folie. Tout se passe comme si Jérôme Angust, cadre attendant son vol à l’aéroport, était harcelé verbalement par un parasite hors du commun qui va jusqu’à lui relater ses crimes. Des dialogues merveilleusement ciselés qui font le succès de l’œuvre, au même titre qu’Hygiène de l’assassin.
« Sans le vouloir, j'avais commis le crime parfait : personne ne m'avait vu venir, à part la victime. La preuve, c'est que je suis toujours en liberté. C'est dans le hall d'un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d'avance. Il lui a suffi de parler. Et d'attendre que le piège se referme. C'est dans le hall d'un aéroport que tout s'est terminé. De toute façon, le hasard n'existe pas. »